Commerce électronique (e-commerce) et droit de rétractation

E-commerce 7747 Vues

Les contrats conclus sur internet accordent au consommateur un droit de rétractation. Ce droit permet au consommateur de renvoyer le produit, sans avoir à régler d'indemnités, sans avoir à présenter de motifs, 14 jours après la réception du produit.
Commerce électronique (e-commerce) et droit de rétractation

La loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, issue de la directive européenne du 8 juin 2000, reproduite dans le Code de la consommation et dans le Code civil régit la vente électronique et en donne la définition suivante :

Le commerce électronique est l’activité économique par laquelle une personne propose et assure à distance et par voie électronique la fourniture de biens et services.

Le commerce électronique ou e-commerce est une activité à distance et relève de ce fait de la réglementation de la vente à distance (article L221-1 et suivants du Code de la consommation).

Le domaine de cette législation est le commerce entre consommateur et professionnel, c’est-à-dire le commerce dit « résidentiel » (business to consumer en anglais). L’objet de cette législation est clairement de protéger le consommateur contre les risques auxquels il s’expose en ayant recours au commerce électronique. Elle tend aussi à rassurer le consommateur et à vaincre ses réticences à l’utilisation du commerce sur internet.

Les contrats conclus par l'e-commerce, c’est-à-dire par internet, se voient appliquer la réglementation sur les contrats à distance, à laquelle viennent s’ajouter des règles spécifiques touchant à la publicité sur Internet et à la validité du contrat sous forme électronique.

S’agissant de la publicité en ligne, selon l’article 20 de la loi du 21 juin 2004, celle-ci doit être claire et non équivoque, et identifier la personne pour le compte de qui elle est effectuée. Le texte ajoute que si la publicité passe par le courrier électronique du client, son consentement doit avoir été préalablement obtenu.

Parmi les règles de validité des contrats électroniques, la plus emblématique est celle que la pratique a désigné par l’expression « double clic ». Il s’agit de la disposition de l’article 1127-2 du Code civil :  la validité du contrat électronique est conditionnée par la possibilité dont doit disposer le consommateur pour vérifier sa commande et son prix global ainsi que pour corriger les erreurs commises en cas de clic malencontreux. L’engagement du consommateur n’interviendra ainsi qu’après confirmation de sa commande. Le prestataire devra ensuite accuser réception de la commande, sans délais injustifié et par voie électronique» précise l’article.

La question des contrats conclus par les mineurs en matière de commerce électronique n’a pas été réglée par les différentes interventions du législateur. Cependant, selon le professeur Philippe le Tourneau (la responsabilité des vendeurs et des fabricants Dalloz 2012) c’est le droit commun de la responsabilité contractuelle qui s’applique, c’est-à-dire la nullité du contrat, « ce qui représente un gros risque pour le vendeur ».

Enfin précisons que lorsque le consommateur passe un contrat électronique avec un commerçant établit dans un autre Etat membre de l’Union, la loi applicable est celle de l’Etat où se trouve le commerçant. Toutefois il faut minimiser cet inconvénient pour le consommateur, dans la mesure où la directive du 20 mai 1997 sur le commerce à distance est présumée avoir été transposée dans les mêmes termes par tous les Etats membres de l’Union, en vertu des règles sur l’harmonisation des législations nationales.

Etablissement d’un droit de rétractation dans le commerce électronique

Selon l’article L221-18 du Code de la consommation, le consommateur déçu du produit livré bénéficie d’un délai de 14 jours francs, à compter de la livraison, pour exercer son droit de rétractation. Comme dans les contrats à distance, ce délai sera prolongé de 12 mois lorsqu’il s’est avéré que les informations prévues par le Code de la consommation n’ont pas été fournies au consommateur.

Ce droit de rétractation du consommateur est discrétionnaire, en ce sens qu’il ne peut souffrir aucune limite, sauf en cas de mauvaise foi de l’acheteur ou d’enrichissement sans cause (voir l’arrêt CJCE du 3 septembre 2009- Aff. n° C-489-07). Il s’agit d’un véritable droit de retourner la chose que la loi du 3 janvier 2008 a entendu renforcer en édictant que le consommateur soit désormais informé, non seulement de l’existence d’un droit de rétractation, mais également de ses limites éventuelles ou de son exclusion.

Certains magistrats déplorent ce droit arbitraire laissé au consommateur (Monsieur Bazin, magistrat, recueil Dalloz, le droit de repentir du consommateur, 11 déc. 2008) Il faut relever aussi que le professionnel est désarmé face à des clients de mauvaise foi qui ne font qu’emprunter leur produit sans, dès le départ, avoir eu l’intention de l’acquérir.

Ainsi, en cas d’usage normal du bien, le consommateur obtiendra le remboursement des sommes versées au vendeur, sans que ce dernier ne puisse lui réclamer aucune indemnité.  Le vendeur devra restituer les sommes versées dans les plus brefs délais et en tous les cas dans les 30 jours suivant la date de retour du produit. Le droit de rétractation s’effectue en pratique par le retour physique de la marchandise. Cependant, le consommateur peut exprimer sa rétractation par tout autre procédé, tel un courrier adressé au vendeur. Il faut cependant veiller à ne pas sortir du délai imposé de 14 jours (voir en ce sens un arrêt de la première Chambre civile de la Cour de cassation du 12 févr. 1991 publié à la revue trimestrielle de droit civil de 1991 page 525). Le remboursement s’effectuera selon les modalités prévues d’un commun accord entre acheteur et vendeur (un avoir est possible)

La loi du 3 janvier 2008 a innové en matière de protection du consommateur puisqu’elle permet au juge de soulever d’office les dispositions d’ordre public de protection des consommateur. Ainsi, lorsque le droit de rétractation ne figure pas dans un contrat de commerce électronique, ou que le consommateur n’invoque pas ce manquement, le juge pourra d’office soulever cette anomalie.

Difficultés pratiques rencontrées lors de l’exercice du droit de rétractation

Les dispositions prévues par le Code de la consommation en matière de droit de rétractation dans le commerce électroniques sont impératives, c’est-à-dire qu’elles s’imposent au vendeur.  Dès lors celui-ci ne peut pas ajouter des conditions qui viendraient limiter l’exercice effectif de ce droit. Ainsi il n’est pas possible pour le vendeur d’exiger de l’acheteur le paiement des frais de livraison ou autres frais de reconditionnement du produit. C’est ce qu’a décidé la CJCE dans un arrêt du 15 avril 2010 (4e Ch. Aff. N° C-511/08)  :

Faire payer au consommateur qui se rétracte les frais d’envoi, oui. Laisser à sa charge les frais de livraison, certainement pas.

De même, l’usage du produit commandé ne figurant pas parmi les exceptions légales prévues par la loi, un vendeur ne saurait venir limiter le droit de rétractation de l’acheteur en stipulant que ce droit ne peut pas jouer si les produits livrés ont manifestement fait l’objet d’un usage durable (décision du TGI de Paris du 4 février  2003, 1ère ch. Soc).

Toutefois ce droit de rétractation ne doit pas se transformer en abus et il pèse sur l’acheteur l’obligation de restitution du bien dans l’état de départ, de sorte qu’il peut faire l’objet d’une nouvelle commercialisation. En revanche, le déballage du bien n‘exclut pas le droit de rétractation car c‘est précisément la fonction de ce droit que de permettre au consommateur de l‘essayer (TGI de Bordeaux 13 mars 2008).

Il arrive aussi que le professionnel impose au client qui retourne le produit, l’obtention d’un numéro de retour pour faciliter le traitement de sa demande. Cette formalité ne semble pas contrevenir à l’exercice du droit de rétractation, sous réserve toutefois qu’elle intervienne sans frais et sans nouvelle restriction à la faculté de rétractation du consommateur. De même, le vendeur peut légalement imposer au consommateur, pour des raisons de sécurité notamment, un mode de transport approprié pour le retour d’un produit fragile.

L’article L221-28 du Code de la consommation exclut le droit de rétractation pour certains biens comme par exemple les produits numériques lorsqu’ils ont été descellés ou encore pour les produits qui du fait de leur nature se détériorent rapidement.

Enfin, le consommateur qui a exercé son droit de rétractation ne pourra plus revenir sur sa décision car selon un arrêt de la Cour de cassation, rétractation sur rétractation ne vaut (3eme Chambre civile, 13 février 2008, Jurisclasseur  entreprise 2008, n°2094).

 
Obtenez un devis en 24 heures par nos avocats
Prestation demandée :
Pays ou organisation :
Type de contrat :
Votre besoin :
Votre besoin :
Votre besoin :
Vos informations :

* : champs obligatoires

Lectures en lien
Marteau de président, utilisé dans les tribunaux
Ecommerce 7421 Vues

Les conditions générales de vente servent à définir les règles de la relation client/acheteur. Toutefois, lorsque dans le cadre de l'e-commerce international un litige survient, quelle juridiction est compétente ?

un homme utilisant sa tablette pour surfer sur internet
Ecommerce 6865 Vues

L'achat à distance consiste à acheter un bien ou une prestation de services sur internet, par catalogue, téléphone, téléachat, publipostage, SMS... Les contrats portant sur les achats à distance sont réglementés.

Homme se tenant sur le pas de porte
Ecommerce 13056 Vues

Le démarchage à domicile consiste à solliciter le consommateur afin de lui faire souscrire un contrat. Dans bien des cas, le consommateur est en situation d’infériorité par rapport au vendeur, et cela peut le conduire à une commande qu’il regrettera peut être.

Livraison d'un colis
Ecommerce 13399 Vues

Quel est le délai de livraison légal à respecter ? Que faire en cas de retard/dépassement du délai de livraison ? Comment engager la responsabilité du commerçant ?

Des colis entassés dans une camionnette
Ecommerce 5289 Vues

La garantie de conformité ainsi que la garantie des vices cachés, sont des garanties dites d'ordre public qui visent à protéger les consommateurs.

Un homme réalisant des achats sur Internet
Ecommerce 11397 Vues

Quelles sont les conditions de validation et l'opposabilité des conditions générales de vente (CGV) d'un site e-commerce via la case à cocher et le clic de validation ?

Photo prise au travers de carreaux de lunettes
Ecommerce 7898 Vues

Quelles contraintes juridiques pour la vente de lunettes et lentilles sur internet ? De la tolérance dans le cadre de la vente à distance à l'autorisation officielle : suivi de l'évolution législative.

Une femme au téléphone
Ecommerce 6161 Vues

Aspects juridiques des commandes par téléphone, ou à distance, sans validation préalable des conditions générales de vente et opposabilité de ces CGV.

Marteau de président, utilisé dans les tribunaux
Ecommerce 4811 Vues

Une décision de la CJUE sur l'opposabilité des CGV concernant les sites e-commerce est venue condamner la France. En cause : le support de transmission des CGV qui doit être "durable".

Un tribunal prit en contre-plongée
Ecommerce 11361 Vues

Comment déterminer la juridiction compétente en matière d'e-commerce à l’international ? Quelles spécificités en Union Européenne et dans le monde ? Les notions de vente passive et vente active sont à prendre en compte.

Magasin avec un panneau promotionnel intitulé "special deal"
Ecommerce 51307 Vues

Un commerçant est-il en droit de refuser une vente à un consommateur ? Un bar peut-il refuser de servir un client ? En principe, oui, au nom de la liberté contractuelle du commerçant. Cependant, celui-ci doit avoir un motif légitime de refuser la vente sous peine de sanctions.

Des colis entassés dans une camionnette
Ecommerce 15384 Vues

En matière de vente à distance et notamment d'e-commerce, un droit de rétractation de 14 jours est accordé au consommateur. Il lui permet de se rétracter de son achat sans avoir à justifier de motifs ni payer de pénalités. Attention néanmoins, il existe des exceptions.

Téléphone avec vue sur le magasin d'applications
Ecommerce 6946 Vues

Quelles sont les contraintes juridiques pour distribuer une application mobile sur le Google Play Store ou l'App Store d'Apple ? Quelle rémunération pour les éditeurs ?

Soleil couchant prit d'un hublot d'avion duquel on voit l'aile
Ecommerce 22266 Vues

Le droit de rétractation de 14 jours en matière de vente à distance reçoit une exception dans le cadre d’une offre de vente de voyage sur internet. Cependant, afin de protéger le consommateur, des clauses jugées abusives sont interdites et le commerçant est responsable de plein droit en cas de préjudice ou d'inexécution du contrat.

Microscope dans un laboratoire, illustrant le dépôt de brevet
Ecommerce 4523 Vues

La vente en ligne de médicaments est strictement régie par la loi. Découvrez les aspects juridiques de la vente de médicaments sur internet par les pharmacies : limites, conditions et responsabilités.

une personne construisant quelque chose dans son établi
Ecommerce 13900 Vues

Quelle est la responsabilité du vendeur qui fabrique lui-même ses produits et les vend via son site internet ou son magasin ? Quelles obligations doivent être respectées ?

Livraison d'un colis
Ecommerce 11812 Vues

Quel est le statut du dropshipping en France, quelle est la loi qui s'applique ? La responsabilité pèse t-elle sur le vendeur ou sur le fournisseur, notamment en cas de vices cachés ou de produits défectueux ?

Des mains remplies de billets
Ecommerce 3319 Vues

Aspects juridiques de la rémunération des particuliers sur internet (e-commerce, revenus publicitaires, plateforme de rémunération...). Quelles sont les contraintes liées à la rémunération des particuliers sur internet ?

Un tribunal prit en contre-plongée
Ecommerce 4292 Vues

La directive européenne sur l'e-commerce et ses conséquences sur les CGV des e-commerçants français : droit de rétractation, information du consommateur, livraison et retour des produits.

Marteau de président, utilisé dans les tribunaux
Ecommerce 15543 Vues

La loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN), transpose la directive européenne sur le commerce électronique et pose ainsi un cadre à cette activité. Cette loi crée donc un droit général de l'internet.

Une tablette et un téléphone sur une table
Ecommerce 5369 Vues

Quelles sont les conditions de validité de l'acceptation des conditions générales de vente ? La présence d'un lien hypertexte suffit-elle ? La CJUE a rendu plusieurs décisions venant préciser cela.

une personne regardant son téléphone
Ecommerce 3920 Vues

Comment réagir en cas de publication par les visiteurs de contenus diffamatoires ou dénigrants sur un site internet? Comment se protéger en tant qu'e-commerçant ? La recherche des responsabilités n'est pas toujours chose aisée.

Un tribunal prit en contre-plongée
Ecommerce 4358 Vues

Quelles contraintes pèsent sur les commerçants depuis l'entrée en vigueur de la loi n° 2008-3 du 3 janvier 2008 pour le développement de la concurrence au service des consommateurs, dite Châtel ? Droit de rétractation, modalités de contact et information du consommateur.

Une femme au téléphone
Ecommerce 12954 Vues

La vente par téléphone fait partie intégrante des ventes à distance et, de ce fait, impose des contraintes particulières aux commerçants, notamment au niveau du droit de rétractation.

des livres dans une bibliothèque
Ecommerce 6192 Vues

La vente par internet fait partie intégrante des ventes à distance et, de ce fait, impose des contraintes particulières aux commerçants, notamment au niveau du droit de rétractation. La vente de livres n'y échappe pas.

photo en noir et blanc de quelqu'un tapant au clavier de son MacBook
Ecommerce 15010 Vues

Qu'est-ce qu'un contrat de vente en ligne, qui se matérialise le plus souvent sous la forme de conditions générales de vente ? Comment est-il formé ? Quelles sont ses spécificités ?

une personne tapant au clavier de son ordinateur portable
Ecommerce 11543 Vues

Tout professionnel vendant des biens ou des services, que ce soit à destination de professionnels ou de consommateurs, doit se munir de conditions générales de vente (CGV). En l'absence de ces CGV, il s'expose à une sanction administrative.

une personne navigant sur Internet sur sa tablette
Ecommerce 7634 Vues

Parfois obligatoires, selon l’activité d’un site internet, les CGU ou conditions générales d’utilisation sont essentielles pour l’éditeur d’un site internet, quel qu’il soit. Elles ont pour fonction principale de régir les rapports entre l'éditeur et l'internaute ainsi que de prévenir éventuels conflits qui pourraient survenir.

statue d'une femme aux yeux bandés, avec une balance et une épée, symbolisant la Justice
Ecommerce 9859 Vues

Tout site internet doit faire figurer un certain nombre de mentions légales nécessaires à l'information du public afin d'être en conformité avec la loi, ce qu'ils soient édités à titre professionnel ou non-professionnel. En cas de non-respect, l'éditeur du site internet s'expose à des sanctions.

panneau sur lequel il est écrit "e-commerce"
Ecommerce 14783 Vues

Face à la multiplication des produits et des services dans notre société de consommation, il paraît essentiel de se démarquer grâce à une méthode de vente adaptée. Toutefois, il convient d’être prudent puisque plusieurs méthodes de vente sont illicites, tandis que d’autres sont soumises à des réglementations drastiques. 

Ecommerce 1529 Vues

L’intelligence artificielle désignée par l’acronyme « IA » devient aujourd’hui une technologie clé pour l’avenir. Toutefois, il reste à comprendre ce que l’on entend exactement par intelligence artificielle, mais également comment celle-ci affecte notre quotidien.