Compte tenu de la prĂ©dominance de ce contrat dans tout secteur commercial, il est indispensable de le dĂ©finir prĂ©alablement, afin de comprendre ses particularitĂ©s et les obligations pesant sur les parties au contrat.Â
Par ailleurs, les mentions obligatoires au contrat, les clauses essentielles et les modalités de rupture de ce type de contrat doivent inévitablement être soulevés.
DĂ©finition du contrat de distributionÂ
De manière plus concrète, un contrat de distribution est un contrat passĂ© entre un distributeur, producteur ou grossiste gĂ©nĂ©ralement, et un intermĂ©diaire, revendeur dĂ©taillant en gĂ©nĂ©ral, pour dĂ©finir le cadre de leur relation quant Ă la distribution de produits ou services auprès d’une clientèle donnĂ©e.Â
Ainsi, le contrat de distribution fait partie de ce qu’on appelle la famille des contrats « de grĂ© Ă grĂ© ». Qu’est-ce-que cela signifie ?Â
L’article 1110 du Code Civil, tel qu’issu de la rĂ©forme du droit des obligations (ordonnance n°2016-131 du 10 fĂ©vrier 2016), dispose que le contrat de grĂ© Ă grĂ© est « celui dont les stipulations sont nĂ©gociables par les parties ». Autrement dit, le contrat de distribution laisse place Ă une très grande libertĂ© contractuelle : le fournisseur et le distributeur Ă©tant totalement libres de fixer les termes de leur relation. Souvent, le contrat de distribution est considĂ©rĂ© comme Ă©tant « sur mesure », satisfaisant largement les obligations de l’une et l’autre des parties.Â
Dès lors, ce contrat peut se rencontrer sous des formes diffĂ©rentes.Â
On en compte principalement trois :
- le contrat de distribution sélective,
- le contrat de distribution exclusive (également rencontré sous l’appellation de « concession »),
- et le contrat de franchise.
Chacun de ces contrats appelant des prĂ©cisions, celles-ci seront dĂ©taillĂ©es ci-dessous. Quelques exemples nombreux et diversifiĂ©s de la vie courante permettent de rĂ©aliser que le contrat de distribution se rencontre quotidiennement dans la vie des affaires, bien qu’il prĂ©sente de nombreuses singularitĂ©s.Â
Les diffĂ©rents types de contrat de distributionÂ
D’indĂ©nombrables rĂ©seaux de distribution existent oĂą parfois, pour un seul et mĂŞme produit, le fournisseur, distributeur intermĂ©diaire / final sont des personnes diffĂ©rentes.Â
Ces rĂ©seaux prĂ©sentent donc des particularitĂ©s qu’il convient d’identifier afin de mieux les apprĂ©hender. La franchise, la distribution sĂ©lective et la distribution exclusive sont les exemples les plus frĂ©quemment rencontrĂ©s.Â
Le contrat de franchise
Le contrat de franchise est l’un des contrats de distribution les plus connus. Son objet est la dĂ©finition des modalitĂ©s de partenariat entre l’enseigne – qu’on appelle Ă©galement le « franchiseur » - et des entrepreneurs indĂ©pendants – les « franchisĂ©s ».Â
Le système de la franchise repose ainsi sur la transmission par le franchiseur au franchisĂ© indĂ©pendant, de son enseigne, son savoir-faire, de ses stratĂ©gies commerciales, et autres connaissances qui pourraient s’avĂ©rer utiles au franchisĂ©. Ce dernier s’engage en contrepartie de cette transmission, Ă verser au franchiseur une rĂ©munĂ©ration. Cette rĂ©munĂ©ration peut ĂŞtre fixe mais Ă©galement proportionnelle (par exemple, le franchiseur peut percevoir un pourcentage du chiffre d’affaires rĂ©alisĂ© par le franchisĂ©).Â
En somme, le contrat de franchise permet d’exploiter financièrement une structure dĂ©jĂ existante grâce au contrat de franchise, lequel permet de fixer toutes les modalitĂ©s de cette exploitation.Â
Le contrat de distribution sĂ©lectiveÂ
Le contrat de distribution sĂ©lective est le mode de distribution par lequel le fournisseur recourt Ă une sĂ©rie de distributeurs agrĂ©Ă©s – seuls capables de pouvoir acheter ou revendre le produit.Â
Pourquoi qualifie-t-on cette distribution de « sĂ©lective » ?Â
La distribution est dite « sĂ©lective » en ce que le fournisseur sĂ©lectionne le distributeur autorisĂ© Ă commercialiser ses produits ou services sur la base de critères qualitatifs ou quantitatifs, dĂ©terminĂ©s en fonction de la nature mĂŞme du produit.Â
Bien qu’existant dans la vie des affaires, ce contrat est plus rare que les autres contrats de distribution. En effet, cette raretĂ© trouve sa raison d’être dans la nature des produits qui sont souvent des produits de luxe ou produits spĂ©cifiques.Â
A titre d’exemple, certaines marques de cosmĂ©tiques, de montres sont des fournisseurs recourant Ă ce type de contrat de distribution dite sĂ©lective. Â
Plus prĂ©sent dans la vie des affaires, le contrat de distribution exclusive (Ă©galement dĂ©nommĂ© « contrat de concession exclusive ») prĂ©sente d’autres singularitĂ©s.Â
Le contrat de distribution exclusive (le contrat de concession exclusive)
Dans le rĂ©seau de distribution exclusive, le distributeur bĂ©nĂ©ficie de l’exclusivitĂ© sur une zone gĂ©ographique pour la vente d’un produit. Il ne pourra revendre ces produits que sur le territoire qui a Ă©tĂ© identifiĂ© comme exclusif et lui ayant Ă©tĂ© attribuĂ©.  Â
NĂ©anmoins, il convient de souligner que la protection dont bĂ©nĂ©ficie le distributeur ne saurait ĂŞtre absolue. En effet, cela contreviendrait au droit de la concurrence et serait susceptible d’en constituer une violation.Â
Il est Ă noter que la notion d’exclusivitĂ© est entendue largement. Ainsi, elle peut porter sur une diversitĂ© de prestations : exclusivitĂ© de territoire, de clientèle, approvisionnement exclusif, fourniture exclusive, etc.Â
A quoi reconnait-on le caractère exclusif du contrat ?
Le plus souvent, l’exclusivitĂ© d’un contrat de distribution se traduit par la prĂ©sence d’une clause d’exclusivitĂ© ou de non-concurrence.Â
Enfin, bien que se ressemblant, le contrat de franchise et le contrat de distribution exclusive présentent des différences, voici les principales permettant de les distinguer :
- Le contrat de franchise ne contient pas nécessairement de clause d’exclusivité territoriale (bien que ce soit souvent le cas),
- Le contrat de concession n’inclut aucune transmission de savoir-faire ou de connaissances.
MalgrĂ© la diversitĂ© des contrats de distribution existant et leurs singularitĂ©s, tous ces contrats de distribution mettent Ă la charge des parties des obligations prĂ©cises.Â
Obligations des parties dans le contrat de distribution
L’obligation d’information précontractuelle
Le secteur de la distribution est soumis Ă l’obligation d’information prĂ©contractuelle, consacrĂ©e par l’article 1112-1 du Code civil.Â
NĂ©anmoins, celle-ci n’est pas significative en termes d’effet sur les contrats de distribution puisque les informations sur les caractĂ©ristiques essentielles des produits, leur prix, etc sont nĂ©cessairement communiquĂ©es dans le cadre des nĂ©gociations prĂ©contractuelles.Â
Le respect du droit de la concurrence
Autre obligation pesant sur les parties, et non des moindres, le respect du droit de la concurrence, assez contraignant.Â
MalgrĂ© une libertĂ© contractuelle entendue largement dans le secteur de la distribution, il n’en demeure pas moins que celle-ci se trouve limitĂ©e par la lĂ©gislation française mais Ă©galement europĂ©enne.Â
En effet, il incombe aux parties d’un contrat de distribution de ne pas empĂŞcher la libre concurrence entre les diffĂ©rents acteurs du marchĂ©.Â
Communication des conditions générales de vente
Dans un contrat de distribution, le fournisseur s’engage Ă communiquer au distributeur toutes les conditions gĂ©nĂ©rales de vente. Cette obligation doit ĂŞtre respectĂ©e avant le 1er dĂ©cembre de chaque annĂ©e.Â
Enfin, d’autres obligations telles que celle du distributeur qui s’engage Ă rĂ©pondre Ă toute demande Ă©crite du fournisseur sur l’exĂ©cution du contrat dans un dĂ©lai de 2 mois, ou l’obligation du fournisseur de ne pas abuser de la faiblesse du distributeur et de ne pas lui imposer de prix excessifs, existent et ne doivent pas ĂŞtre nĂ©gligĂ©es. Â
Outre le respect de ces obligations, certaines mentions sont obligatoires au contrat de distribution. Â
Mentions obligatoires au contrat de distribution
Avant de vous engager dans tout rĂ©seau de distribution et peu importe que vous soyez fournisseur, distributeur intermĂ©diaire ou distributeur final, veillez Ă ce que votre contrat intègre – au minimum - les mentions qui vous sont prĂ©sentĂ©es ci-dessous.Â
Tout d’abord, afin de conclure un contrat de distribution, le distributeur doit recevoir le document d’information prĂ©contractuelle (DIP) et ce, au moins 20 jours avant la signature de contrat. Ce document est indispensable et obligatoire Ă la signature du contrat.Â
Par ailleurs, doivent Ă©videmment figurer au contrat :
- L’identité des parties (fournisseur et distributeur) et de leur représentant légal,
- Les informations essentielles de chaque partie (forme juridique, numéro d’immatriculation au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers, montant du capital social…),
- Les résultats de l’entreprise,
- Un historique des précédentes distributions (nombre de contrats signés),
- L’état et les perspectives du marché de distribution,
- L’état du réseau.
En outre, l’objet du contrat de distribution doit ĂŞtre clair. Cela signifie qu’il doit renseigner la mission principale du distributeur, mais Ă©galement celles annexes. Ainsi, il convient de prĂ©ciser aussi bien une distribution de produits qu’un transfert de savoir-faire.Â
Le contrat doit Ă©galement mentionner la durĂ©e de la relation Ă©tablie entre les parties. Le plus souvent, ce type de contrat s’inscrit dans une longue durĂ©e, renouvelable tacitement.Â
Le montant d’une Ă©ventuelle rĂ©munĂ©ration, les dĂ©lais de paiement et les pĂ©nalitĂ©s de retard doivent Ă©galement apparaĂ®tre. Â
Les modalitĂ©s de rĂ©siliation du contrat de distribution doivent ĂŞtre prĂ©cisĂ©es. Souvent, le contrat est rĂ©solu de plein droit lorsqu’une des parties manque Ă ses obligations.Â
Enfin, le contrat prĂ©cise le droit applicable ainsi que le tribunal compĂ©tent en cas de litige.Â
Outre ces mentions standard, il est fortement recommandĂ© de veiller Ă l’insertion de clauses considĂ©rĂ©es comme essentielles Ă la bonne exĂ©cution d’un contrat de distribution. Quelles sont-elles ?Â
Les clauses essentielles du contrat de distribution
Une sĂ©rie de clauses, dont l’importance est avĂ©rĂ©e et incontestable compte tenu de la difficultĂ© de la vie des affaires, vous est ci-dessous exposĂ©e. Â
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La clause d’exclusivité territoriale
Cette clause permet de délimiter la zone géographique de vente des produits ou des services, typique dans les contrats de distribution exclusive (ou de concession).
Dans cette zone définie, le producteur s’engage à n’avoir qu’un seul distributeur et ce dernier, s’engage en contrepartie à ne vendre ses produits que dans la zone identifiée comme exclusive.
Notons que de manière réciproque, une clause d’exclusivité d’approvisionnement peut être insérée. Celle-ci permettra d’imposer au distributeur de ne s’approvisionner qu’auprès du fournisseur.
Enfin, la législation française impose que la clause d’exclusivité d’un contrat de distribution soit limitée à 10 ans.
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La clause de non-concurrence
Mentionnée plus haut, cette clause permet d’interdire à votre partenaire de travailler pour vos concurrents ou même d’exercer une activité qui puisse être considérée comme concurrente à la vôtre.
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La clause de confidentialité
Essentielle dans le cadre d’un réseau de distribution, cette clause permet d’interdire au distributeur de dévoiler certaines informations.
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La clause de rendement
Cette clause permet d’accroître la sécurité des relations en fixant au distributeur des objectifs économiques à atteindre.
Ainsi, on notera que malgré l’insertion facultative de ces clauses, celles-ci sont fondamentales afin de se prémunir de toute mésentente ou de tout dommage pouvant survenir en cours de formation ou d’exécution du contrat. Par ailleurs, elles visent à se prémunir d’une éventuelle rupture du contrat.
La rupture du contrat de distributionÂ
Les modalitĂ©s de rupture d’un contrat de distribution prĂ©sentent la particularitĂ© de dĂ©pendre de la durĂ©e du contrat.Â
Dans un contrat à durée déterminée
En principe, le contrat prend fin Ă la date convenue entre les parties. NĂ©anmoins, celui-ci peut Ă©galement ĂŞtre reconduit, notamment en prĂ©sence d’une clause de reconduction tacite du contrat.Â
En ce qui concerne le contrat Ă durĂ©e indĂ©terminĂ©e, les modalitĂ©s de rupture sont quelque peu diffĂ©rentes.Â
Dans un contrat à durée indéterminée
Dans le cadre d’un contrat Ă durĂ©e indĂ©terminĂ©e, les deux parties ont la possibilitĂ© de rompre unilatĂ©ralement et quand elles le souhaitent, le contrat. Bien Ă©videmment, le respect d’un prĂ©avis est nĂ©cessaire avant de mettre fin Ă toute relation commerciale.Â
Si une rupture brutale intervient (tel est le cas d’une rupture considĂ©rĂ©e comme imprĂ©visible, violente ou inattendue), il sera possible pour la partie en subissant le prĂ©judice d’exiger une indemnisation.Â
Enfin, la rupture d’un contrat de distribution n’obĂ©it Ă aucun formalisme particulier, si ce n’est la nĂ©cessitĂ© de mettre par Ă©crit la dĂ©cision de rupture du contrat.Â